Ce film d'horreur est si angoissant qu'il a conduit son diffuseur à la prison

Sharon Gonçalves le 6 octobre 2023 à 12:15

Ce long-métrage est allé beaucoup trop loin dans ce que l'on peut accepter de voir dans une salle de cinéma. Attention, cet article ne convient pas aux âmes sensibles.

Attention, cet article traite de thématiques sensibles, violentes et malaisantes. Nous recommandons aux âmes sensibles de ne pas poursuivre leur lecture.

Des films d’horreur, on en a vu défiler. Ils nous donnent des frissons, nous font sursauter, regarder sous notre lit avant de dormir ou même quitter une salle de cinéma. Mais il y a ceux qui ne s'arrêtent pas là. Certains poussent le curseur un peu plus loin, beaucoup plus loin. Ils défient nos limites, titillent nos tabous et nous confrontent à nos peurs les plus enfouies. Pour certains, c'est de l'art pur. Pour d'autres, c'est aller trop loin. Et le long-métrage dont nous allons vous parler aujourd'hui est certainement allé trop loin.

Un film qui repousse les limites de l'horreur

A Serbian Film — rien que le nom suscite une reconnaissance instantanée, peut-être même une nausée, parmi les connaisseurs aguerris de l'horreur. Réalisé par Srđan Spasojević, le long-métrage d'une violence innommable ne se contente pas de flirter avec l'horreur et le contenu explicite. Non, il plonge tête la première dans l'abîme et navigue à travers des thèmes que la plupart des cinéastes n'oseraient même pas effleurer. Allons droit au but : le film présente des relations sexuelles avec des cadavres jusqu'au viol d'un nouveau-né. Voici le synopsis officiel que l'on peut retrouver sur IMdb :

Une star du porno vieillissante accepte de participer à un 'film d'art' afin de rompre définitivement avec le business, pour découvrir qu'il a été enrôlé dans la réalisation d'un film sur le thème de la pédophilie et de la nécrophilie.

À sa sortie en 2010, A Serbian Film n’a pas seulement traumatisé les âmes sensibles. Il a également fait l'objet de nombreuses controverses juridiques. On parle là d'interdictions dans de nombreux pays : l'Australie, l'Espagne, la Norvège... Et l'histoire prend une tournure particulière au Royaume-Uni. En effet, le Conseil de Westminster a exigé une évaluation par le British Board of Film Classification avant toute projection. Résultat ? Les autorités ordonnent 49 coupures, soit près de quatre minutes de film. Mais là où la situation a vraiment dérapé, c'est au Brésil.

Un directeur de Festival arrêté après la diffusion du film

Le film a rencontré des problèmes d'envergure lors de sa projection au Brésil lors du Sitges Film Festival en octobre 2010. Pour contextualiser, il convient de noter que le film avait été interdit dans le pays, labellisé comme portant "atteinte à la liberté sexuelle". Malgré cela, le directeur du festival, Angel Sala, a défié l'interdiction en maintenant le film controversé dans la programmation.

La réponse à cet acte de rébellion n'a pas tardé : Angel Sala s'est retrouvé dans le viseur des autorités et a été arrêté à la suite de plusieurs plaintes. Cette situation a nettement déplu au réalisateur du film qui déclare : "Une des affirmations du film est que nous ne vivons pas dans un monde libre. La manière dont le film a été conçu symbolise également notre résistance face au politiquement correct, face au fascisme. Ces réactions, à la fois amusantes et intéressantes, sont aussi stupides et extrêmement décevantes. Elles attestent du fait que nous ne sommes pas un peuple libre."

Quoi qu'il en soit, A Serbian Film affiche aujourd'hui la note de 45 % de score d'audience de la part des spectateurs, sur Rotten Tomatoes. Et c'est bien plus que certaines productions Marvel à gros budget...