GTA : quand Rockstar Games payait pour avoir des critiques négatives dans la presse
Saviez-vous que Rockstar avait utilisé une technique très efficace pour créer la controverse et s'assurer du succès de GTA ?
Avant que Grand Theft Auto ne devienne une machine à milliards, il fallait déjà qu’on ait envie d’y jouer. Et en 1997, ce n’était pas gagné. Le jeu, conçu par un petit studio écossais nommé DMA Design, ne paie pas de mine. Une ville vue de dessus, des voitures volées à la chaîne, et des piétons à écraser pour marquer des points. Rien qui ne laissait présager un futur monument de la pop culture.
Mais derrière ce projet un peu bancal, une idée. Une seule. Suffisamment brillante – ou cynique – pour propulser GTA sous les projecteurs. Cette idée, elle vient d’un homme : Max Clifford. Attaché de presse britannique, expert en polémiques montées de toutes pièces, il va littéralement fabriquer le buzz autour du jeu.
Comment une polémique bien orchestrée a lancé une des plus grandes sagas du jeu vidéo
Pour donner à GTA la visibilité qui lui manque, Max Clifford orchestre une campagne parfaitement cynique. Il contacte des journalistes connus pour leurs positions conservatrices et les incite à dépeindre GTA comme une abomination où les joueurs sont récompensés pour écraser des piétons. Ce qui était, objectivement, vrai.
Très vite, les tabloïds britanniques s’emballent. Puis les politiques. Puis les parents. On parle d’interdiction, de menace pour la jeunesse, de dégénérescence culturelle. En quelques semaines, GTA devient le jeu dont "tout le monde parle", surtout ceux qui n’y ont jamais joué. Les ventes suivent. Et Rockstar, qui reprendra plus tard DMA Design, comprend une chose : l’indignation, c’est une monnaie comme une autre.
La provocation comme ADN
Ce premier scandale ne sera pas un accident de parcours. Il deviendra une signature. GTA s’impose comme une franchise amorale, corrosive, volontiers outrancière. Elle fait tout ce que les autres n’osent pas. Braquages, fusillades, satire sociale grinçante : rien n’est trop extrême pour l’univers de Rockstar.
Mais avec le temps, plus besoin de polémiques pour exister. La franchise devient un phénomène culturel. Chaque nouveau volet est attendu comme un événement planétaire. Et GTA V, sorti en 2013, en est la meilleure preuve : en 2025, le jeu dépasse les 195 millions d’exemplaires vendus, douze ans après sa sortie. Toujours en tête des classements, toujours rentable. Le genre de longévité qu’on ne voit quasiment jamais dans le jeu vidéo.
Aujourd’hui, Rockstar n’a même plus besoin de parler. Il suffit d’un silence, d’un logo, d’un leak pour que la machine médiatique s’emballe. En décembre 2023, un simple trailer de GTA 6 pulvérise les compteurs : plus de 150 millions de vues en deux jours sur YouTube. Aucun autre studio ne peut se permettre une telle retenue. Aucun autre jeu ne suscite autant d’attente par sa seule existence.