Qui est Ed Gein, l'effroyable tueur qui a inspiré Massacre à la Tronçonneuse ?
Élevé par un père alcoolique et une mère tyrannique, Ed Gein semblait destiné à emprunter le chemin qui en ferait l'un des criminels les plus effroyables de l'histoire.
Dans le cœur sombre de l'Amérique du milieu du XXe siècle, un nom émerge avec une aura macabre et saisissante : Edward Theodore Gein. Plus connu sous le nom d'Ed Gein, ce meurtrier américain se distingue par une prédilection morbide pour la création d'objets à partir de restes humains. Doté d'un perfectionnisme lugubre, Ed va jusqu'à profaner des tombes pour enrichir sa collection d'horreurs. Son histoire est une source d'inspiration inépuisable pour les maîtres du cinéma d'horreur, d'Alfred Hitchcock avec Psychose à Tobe Hooper et son inoubliable Massacre à la Tronçonneuse.
Edward Theodore : dans l'étreinte de sa famille déséquilibrée
L'histoire d'Ed Gein semble incarner à la perfection l'idée que l'on ne naît pas monstre, mais que l'on peut le devenir, surtout quand les racines de l'existence plongent dans un terreau aussi toxique que fut le sien. Né en 1906 et élevé sur une vaste ferme isolée près de Plainfield, une petite ville du Wisconsin, Ed a grandi sous le joug d'une mère dominatrice et fanatiquement religieuse, Augusta.
Elle dirigeait une épicerie qui assurait le confort matériel de la famille, mais à quel prix ? Derrière cette façade de normalité, la famille vivait coupée du monde, Augusta s'efforçant d'élever ses fils loin des influences qu'elle jugeait corrompues. Ce retrait du monde, dicté par les croyances rigides d'Augusta, a tissé le premier fil d'une toile qui allait enfermer Ed Gein dans une spirale de folie.
Augusta Wilhelmine Gein : la mère tyrannique
Augusta Gein, fervente adepte du luthéranisme, inculque à ses fils, Ed Gein et Henry, une crainte irrépressible du péché. Elle pense que les femmes sont toutes les « récipients du péché » et des créatures immorales. Impitoyable et dominatrice, elle impose ses convictions sans difficulté, réduisant son mari, George Philip Gein, à l'impuissance. On raconte même qu'elle va jusqu'à espérer la mort de son époux et exige ses fils de se joindre à ses prières morbides. Ce dernier s'enfonce dans l'alcoolisme et deviendra violent avec Augusta.
À mesure que Henry et Ed grandissent, Augusta les isole davantage en les privant de toute interaction sociale. Pourtant, Ed développe une adoration démesurée pour sa mère, érigée en véritable divinité familiale. Son frère Henry, quant à lui, ne partage pas cette fascination et aspire à une existence plus équilibrée - existence qui sera malheureusement vite écourtée puisque ce dernier sera victime d'une « crise cardiaque » à l'âge de 43 ans. Oui, les guillemets ont leur importance, et vous allez comprendre pourquoi.
Le décès suspect de Henry Gein, le frère aîné
La tragédie frappe la famille Gein le 16 mai 1944, dans un événement qui marquera à jamais leur histoire. Ce jour-là, Henry, le frère aîné, décide de brûler un marais sur leur propriété, mais les flammes prennent une ampleur inattendue, menaçant la ferme familiale. Les pompiers locaux interviennent, et après une lutte acharnée, le feu est enfin maîtrisé. C'est alors que l'inquiétude monte : Henry manque à l'appel.
Armés de lanternes, les voisins et les pompiers partent à sa recherche dans la nuit tombée. Quelques heures plus tard, le corps d'Henry est retrouvé, gisant face contre terre dans les cendres refroidies... Mais sans aucune trace de brûlure. Les circonstances de sa mort soulèvent plus de questions qu'elles n'apportent de réponses.
Officiellement, on parle d'une crise cardiaque, mais le murmure du doute persiste, alimenté par des rumeurs d'ecchymoses trouvées sur sa tête. Un détail plus tard mentionné dans Déviants, la biographie d'Ed Gein écrite par Harold Schechter. La police écarte rapidement la thèse d'un meurtre. Cette conclusion ne suffit pas à apaiser les esprits, et certains commencent à se demander si Ed, le frère cadet désormais seul, pourrait être impliqué.
Du garçon timide au boucher de Plainfield
À peine un an plus tard, le 29 décembre 1945, Augusta décède à l'âge de 67 ans. Cette disparition représente un tournant dévastateur dans la vie d'Ed - qui se retrouve plongé dans un isolement profond. Avec la disparation de sa mère, il perd également son guide moral et émotionnel. Seul et obsédé par l'idée de faire revivre sa mère, Ed a franchi les portes de la démence et sombre dans une obsession pour la mort.
Il commence alors à fréquenter des cimetières — non pas pour visiter la tombe de sa défunte mère — mais pour exhumer des cadavres afin de créer « habits humains ». Problème : les peaux, en état de décomposition, ne sont pas de première fraîcheur. Ed va donc passer à l'étape supérieure pour mettre la main sur des cadavres plus « frais ». Comprenez : tuer.
Le meurtre de Bernice Worden
Ce petit rituel va perdurer des années. Ce n'est qu'en 1957, suite à la disparition de deux femmes, Mary Hogan et Bernice Worden, que Ed a commis une erreur qui va rapidement conduire la police jusqu'à lui. En effet, un témoin raconte avoir aperçu Ed Gein rôder autour du magasin de l'une des victimes à l'heure de sa disparition.
Lorsque la police inspecte sa propriété, elle commence par le hangar et y trouve, pendu par un les pieds tel un animal, le corps de Bernice, décapité, éventré, et vidé de ses entrailles. À quelques mètres, la tête de Mary Hogan, deuxième victime, est elle aussi retrouvée. Effroyable ? Oui, mais ce n'était que la partie immergée de l'iceberg puisque ce qui attend les policiers dans la maison a valu à Ed Gein le surnom du « boucher de Plainfield ».
Une lampe en peau humaine
Au sein de la maison, on y trouve moult objets macabres : masques de peau humaine, crânes transformés en bols, des gants, des draps, une ceinture faite de mamelons, mais aussi : une lampe en peau humaine. Ce terrifiant artefact rappelle deux incidents notoires dans l'histoire des crimes atroces. Le premier renvoie à l'après-Seconde Guerre mondiale, avec les allégations selon lesquelles les nazis auraient fabriqué des abat-jours en utilisant la peau de détenus exécutés dans les camps de concentration. Le second concerne Ed Gein lui-même, dans les années 1950, qui, peut-être inspiré par ces récits du passé, a créé un abat-jour à partir de la peau d'une de ses victimes.
On retrouve chez lui des visages et ossements provenant de quinze corps attribués aux violations de sépultures dont il avoue s'être rendu coupable.
Qui sont les victimes d'Ed Gein ?
Officiellement, Ed Gein est reconnu coupable de 2 homicides. Il ne peut donc pas prétendre au titre (si l'on peut dire) de tueur en série. Cependant, il fait l'objet de suspicions pour 7 autres affaires criminelles, des accusations qui, jusqu'à présent, n'ont jamais été formellement établies.
- Henry George Gein, 43 ans, tué le 16 mai 1944, au sein de la ferme familiale de Fort Atkinson
- Georgia Jean Weckler, 8 ans, disparue le 1er mai 1947, près de Fort Atkinson
- Victor Harold Travis, 41 ans, disparu le 1er novembre 1952, à Plainfiel
- Raymond Burgess, 43 ans, aussi disparu le 1er novembre 1952, à Plainfiel
- Evelyn Grace Hartley, 15 ans, disparue dans la soirée du 24 octobre 1953, à La Crosse
- James Walsh, 32 ans, disparu en juin 1954, à Plainfield
- Irene Keating, 30 ans, disparue en août 1956, à Plainfield
Arrêté, mais jamais jugé
Arrêté, on peut d'ailleurs voir le sourire dérangeant qu'il affiche alors qu'il sort de sa propriété les mains menottées (image ci-dessous), ce dernier se sera interné dans un hôpital psychiatrique au sein de l'institution correctionnelle de Dodge (prison de haute sécurité), dans le Wisconsin, où on lui diagnostiquera une schizophrénie. Il ne sera donc jamais jugé pour ses crimes. Il est décédé à l'âge de 77 ans — le 26 juillet 1984 — des suites d'une insuffisance respiratoire et d'un cancer de l'intestin.
Que devient la maison d'Edwar Gein ?
Juste avant que les possessions d'Ed Gein ne soient mises aux enchères en mars 1958, un incendie mystérieux ravage les lieux. L'origine du feu reste non élucidée — alimentant les rumeurs d'un acte délibéré pour éviter que le lieu ne devienne une attraction touristique morbide, comme cela a été le cas pour Jeffrey Dahmer.
Emden Schey est donc la première personne à faire l'acquisition de la propriété, et cette dernière a pris soin de nettoyer le terrain, d'éradiquer les vestiges des bâtiments secondaires et de reboiser. Des années après, Mike Fisher, le petit-fils de Schey, hérite du site et tente de le vendre sur Ebay en 2006 pour 250 000 dollars, promouvant "la VRAIE ferme d'Ed Gein". Ebay retire rapidement cette offre.
Avec le temps, la propriété change de mains, et le propriétaire actuel a accordé l'accès à la propriété à plusieurs équipes de tournage pour tourner du contenu télévisé sur Ed Gein.
Les objets d'Ed Gein mis en vente
Le 30 mars 1958, une foule de 2 000 curieux s'est rassemblée pour fouiller à travers les effets personnels d'Ed Gein lors d'une vente aux enchères organisée après son arrestation. Parmi ces objets, la berline Ford marron de 1949, tristement célèbre pour son rôle macabre dans l'histoire de Gein, a captivé l'attention. C'est Bunny Gibbons, un opérateur de carnaval de l'Illinois, qui, après une compétition serrée entre quinze enchérisseurs, a acquis la voiture pour 760 dollars. Gibbons, flairant l'opportunité unique offerte par l'aura macabre de Gein, a transformé la Ford en "Ed Gein's Ghoul Car".
Cette exposition itinérante, avec des mannequins représentant Gein et ses victimes, a attiré une foule intriguée, prête à payer 25 cents pour frissonner d'horreur. Lors de sa première à la foire du comté d'Outagamie à Seymour, en juillet 1958, plus de 2 000 personnes sont venues voir cette "Ghoul Car", témoignant de la fascination morbide pour l'affaire Gein. Cependant, l'exposition n'a pas manqué de susciter la controverse.
L'indignation publique, amplifiée par une pétition de Mental Health America of Wisconsin, a finalement conduit à l'intervention du shérif à la foire du comté de Washington à Slinger, mettant fin à l'exposition qui sera par la suite interdite par l'État. Aujourd'hui, le sort final de la berline Ford d'Ed Gein reste enveloppé de mystère, ajoutant une note encore plus énigmatique à cette sombre page de l'histoire criminelle américaine.
L'affaire Ed Gein à l'origine de nombreux films
La figure d'Ed Gein, aussi macabre soit-elle, a profondément imprégné la culture populaire, en particulier dans le domaine du cinéma d'horreur. L'un des exemples les plus emblématiques de cette influence est sans aucun doute le film Psychose (1960) d'Alfred Hitchcock.
Un autre film majeur influencé par l'histoire d'Ed Gein est Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper. Même si l'intrigue se concentre sur une famille de cannibales au Texas, le personnage de Leatherface et ses macabres trophées de peau humaine rappellent directement les actes d'Ed. Plus récemment, l'histoire du « boucher de Plainfield » est évoquée dans l'épisode 8 de la série Monstre sur Netflix, dont la première saison est consacrée à Jeffrey Dahmer.
Ed Gein : les documentaires à voir
Pour ceux intéressés par l'affaire Ed Gein, plusieurs documentaires offrent des perspectives détaillées et nuancées. The Real Ed Geinpropose une analyse factuelle des événements qui ont conduit Edward à commettre ses crimes, enrichie par des entretiens avec des historiens et des experts en criminologie.
Pour en savoir plus sur comment l'affaire Ed Gein a inspiré les réalisateurs au cinéma, le documentaireEd Gein: The Real Psycho explore les liens entre Gein et son influence sur le cinéma d'horreur, en se basant sur des témoignages d'experts en psychologie et en cinématographie.
Ed Gein sur Netflix
Actuellement, Netflix ne propose pas de série ou de documentaire exclusivement centré sur l'affaire Ed Gein. Cependant, les abonnés à la plateforme peuvent découvrir Murderous Minds: Inside Serial Killers une série documentaire en 8 épisodes qui explore la psychologie des meurtriers en série. Le premier épisode est consacré à Ed Gein.