Test de Tales of Arise (PS5) : le RPG de la décennie ?
Tales of Arise souhaite donner un coup de jeune à la série et attirer un nouveau public en se montrant plus accessible. Pari réussi ? Notre test sur PS5.
Tales of, une saga mythique au Japon, moins en Europe
La saga Tales of est iconique au Japon. Le premier épisode de la série, Tales of Phantasia, sort en 1995. Plus de 25 ans après, la licence a réussi à écouler 26,86 millions de copies dans le monde grâce à ses 16 jeux principaux. Malgré ce succès, le public occidental n'a pas toujours eu la chance d'accueillir tous les épisodes de la saga. Surtout, sa côte de popularité est bien moindre en Europe qu'au Pays du Soleil-levant. Bandai Namco en a bien conscience. Voilà pourquoi 3 ans se sont écoulés entre la sortie de Tales of Berseria en 2016 et celle de Tales of Arise, le 10 septembre dernier sur PS5, Xbox Series, PS4, Xbox One et PC. Une pause inédite pour la série. Pour le meilleur ?
Le diesel Tales of Arise
Si vous êtes allergique aux J-RPG, ce n'est pas le synopsis de départ qui va vous donner envie de plonger dans Tales of Arise. Il y a trois siècles, la planète Rena a envahit puis réduit en esclavage la planète Dahna et sa population. Vous incarnez Alphen, nommé au début masque de fer, un esclave dahnien qui a perdu le mémoire. Celui-ci va très rapidement faire la rencontre de Shionne, avec qui il va décider de se battre pour libérer Dahna.
Derrière ce postulat de départ plutôt classique, Tales of Arise cache un immense potentiel. Le scénario mature est riche en rebondissements et les enjeux prennent de l'ampleur au fur et à mesure des heures. Quelques twists prennent vraiment aux tripes et le jeu ne cesse de surprendre. Les personnages sont tous charismatiques et bien plus profonds que dans la plupart des RPG japonais parus ces dernières années.
A titre d'exemple, la montée en puissance du scénario rappelle vraiment ce que fait la saga The Legend of Heroes : Trails of Cold Steel. Les personnages sont parfois surprenants de justesse dans leurs interventions, surtout à partir de la moitié du jeu. Voir des répliques si percutantes et loin des clichés, faisant même parfois écho à des problématiques de notre époque, étonne pour un J-RPG.
Bandai Namco l'avait annoncé, et la " promesse " est tenue (ce n'est pas un slogan de pub) : l'histoire est bien plus mature que dans les anciens Tales of, de quoi rendre cet épisode davantage attirant aux yeux du public occidental. Et cette volonté d'accessibilité se ressent vraiment à tous les niveaux.
T'as de beaux yeux, tu sais ?
L'autre aspect qui tranche avec les précédents Tales of, est la qualité graphique de ce Arise, notamment sur PS5. Fini les textures vieillottes, les animations d'un autre temps et les décors vides : Tales of Arise en met plein les yeux. Seul le clipping - peu gênant mais présent - vient ternir le tableau.
Bandai Namco nous a indiqué avoir abandonné son moteur maison pour l'Unreal Engine 4, auquel a été appliqué un shader graphique pour donner un effet pastel aux décors. Une pure réussite (comme les séquences animes, toujours présentes). Ce gap graphique se ressent également lors des combats, d'un dynamisme époustouflant.
Pour ceux qui ne seraient pas familiers au système de combat de la licence, faisons un rapide topo. Le gameplay, à part quelques subtilités, est resté globalement inchangé depuis plusieurs épisodes. Lorsque vous entrez en contact avec un ennemi sur le champ de bataille, une arène se crée (seul Tales of Zestiria différait à ce niveau) où chacun de vos coéquipiers et vous-même prenez part à l'action.
Dans ce Tales of Arise, les artes, de puissantes attaques, ne se lancent plus en fonction de la position du joystick et de la touche saisie : ceux-ci sont placés sur les touches carré, croix et triangle (les trois artes aériens également), R1 vous permettant de lancer une attaque normale assez faible mais qui sert à lier les artes entre eux pour faire les combos les plus longs possibles. En résulte un système de combat beaucoup plus explosif que dans Tales of Berseria notamment. Les combos sont essentiels, car ils permettent de remplir une jauge, qui, une fois pleine, donne accès à une frappe bonus en binôme superbement mise en scène.
Un gameplay tentaculaire
En parlant de jauge, une autre va également compter. Celle-ci se remplit toute seule au fur et à mesure du combat, mais bien plus rapidement lorsque vous frappez et que vous réalisez des contre-attaques suite à une esquive. Chaque personnage a une frappe bonus unique. Celle d'Alphen peut faire tomber les ennemis, celle de Law brise les boucliers alors que Rinwell peut interrompre le lancement d'un arte ennemi. Notez que vous pouvez à tout moment changer de personnage au cours de combat.
Malgré la frénésie de l'action (que la PS5 assume pleinement, même sans PS5 Pro...), les affrontements requièrent un certain sens de la tactique tant les mécaniques sont nombreuses et les personnages complémentaires. Des stratégies vous permettent d'ailleurs de paramétrer le comportement que vos coéquipiers doivent adopter, à la manière des gambits de FF XII. En somme, impossible de triompher des boss dans les plus hauts niveaux de difficulté sans maîtriser les bases du gameplay.
En parlant de ces derniers, ceux-ci sont trop souvent des swap-colors. Le jeu a tellement conscience d'en abuser que l'un de vos personnages dira lui-même qu'une énième créature géante peu originale vous barre la route. En tout cas, n'hésitez pas à relire les aides dans le menu du jeu pour bien tout comprendre et exploiter au mieux le système de combat qui ne cesse de s'enrichir.
Pour faciliter ces affrontements, vous pourrez bien évidemment compter sur un système de progression. Celui de Tales of Arise ne réinvente rien, mais fonctionne. Au fur et à mesure du jeu ou en accomplissant certaines quêtes ou objectifs bien précis, comme trouver un certain nombre d'objets dans le jeu, vous débloquez des titres. Chacun vous donne accès à 5 compétences passives ou actives qui coûteront des PC, que vous gagnez en combat.
Une progression un peu trop linéaire ?
Ces PC sont relativement lents à acquérir car, disons-le, Tales of Arise est linéaire. Farmer avant d'avoir atteint la trentaine d'heures de jeu, moment où l'aventure se veut plus généreuse en contenu annexe, se révèle quasiment inutile, à moins de profiter à fond du système d'enchaînement de combats qui vous permet de multiplier l'XP et les PC. Une structure qui rappelle un peu Final Fantasy X, dans les grandes lignes.
Cet écueil pourra déplaire, mais comme nous le disions, le scénario est tellement accrocheur qu'il est difficile d'en tenir rigueur à Tales of Arise. On lui pardonnera un peu moins le petit manque d'epicness des artes mystiques, qui, comme les frappes bonus, sont bien trop vite expédiés et peu nombreux comparés à un Graces F, par exemple.
L'autre point un peu mitigé du jeu concerne sa bande-son. L'illustre Motoi Sakuraba est toujours aux manettes. Les musiques font donc le job, mais ne collent pas toujours parfaitement au ton et ne créent pas autant d'émotions que le font les scènes qui se déroulent sous nos yeux. Dommage, mais rien qui n'empêche ce Tales of Arise d'être exceptionnel, surtout vu la qualité du doublage japonais (excellent) et anglais (très bon aussi).
Verdict
Quel plaisir de retrouver un J-RPG de de ce standing. Tales of Arise comprend toutes les qualités d'un grand jeu du genre. Avec son scénario plus mature aux multiples rebondissements, son casting de personnage attachants, son système de combat grisant et ses superbes décors, Tales of Arise se fera très vite pardonner ses quelques défauts, notamment ses musiques en dents de scie et son bestiaire peu varié. L'un des tout meilleurs Tales of et un indispensable du RPG. Une magnifique fin d'année 2021 pour les joueurs.