Le jeu vidéo peut-il tout se permettre ?
La puissance du marché du jeu vidéo n'est plus à prouver et le médium offre une diversité comme jamais il ne l'a fait. Mais peut-il vraiment tout se permettre ?
Le jeu vidéo revient de loin
L'époque où le jeu vidéo était un art de niche est bien loin. Il y a encore une vingtaine d'années, à l'ère de la PS1 et de ses jeux cultes, le médium subissait des critiques de toute part, notamment pour sa supposée incitation à la violence et les joueurs étaient souvent catégorisés comme asociaux et "abrutis " par le jeu vidéo. Bon, les personnes à penser cela sans véritable analyse existent encore, mais représentent maintenant une minorité, comparé au nombre de joueurs de jeux vidéo dans le monde (quasiment 3 milliards).
Des centaines de jeux vidéo sortent chaque semaine et jamais le médium n'a offert une telle variété. Comme le cinéma, le jeu vidéo explore absolument tous les terrains imaginables. Mais peut-il vraiment tout se permettre ?
Des jeux vidéo qui jouent avec le politiquement incorrect
Dans le jeu vidéo d'aujourd'hui, on retrouve autant de la magie et de la féérie que de la violence, de l'alcool et tout ce qui se trouve en dessous de la ceinture (The Witcher 3, Cyberpunk 2077, GTA 5, dont la version PS5 a été décalée). Comme le cinéma, le jeu vidéo se permet d'aborder toutes les thématiques et ne fait plus vraiment l'objet d'une auto-censure pour éviter de faire la Une des journaux pour de mauvaises raisons. Une preuve qu'il a enfin réussi à s'affirmer et à montrer qu'il était bien plus qu'un médium destiné à pervertir les joueurs.
Malgré tout, quelques polémiques font parfois du bruit. Il y a environ deux ans, un jeu nommé Rape Day dont le concept demandait de s'adonner aux pires sévices sur une femme, a choqué tout le monde.Même chose pour ce jeu qui demande au joueur d’incarner le psychologue d’Hitler et de le soigner. On peut considérer que la levée de boucliers provoquée par ces jeux est légitime ou au minimum compréhensible.
Ce qui dérange aussi les détracteurs du jeu vidéo, c'est qu'il permet d'être acteur d'actions répréhensibles dans la vraie vie, là ou le cinéma nous place simplement en tant que spectateur. Cela explique aussi pourquoi il n'y a pas d'enfants dans GTA, afin que les joueurs ne fassent pas preuve de violence envers eux. L'opinion publique a toujours eu peur des répercussions de la violence des jeux vidéo sur la jeunesse. Mais à l'heure ou Internet " offre " du trash avec une accessibilité déconcertante même aux moins de 18 ans, le jeu vidéo semble être sorti du viseur et n'est plus catégorisé comme LE centre névralgique des pires vices existants.
Des polémiques nécessaires pour faire avancer le médium ?
On se retrouve donc dans une industrie où certains studios se fixent des limites, d’autres n’en ont aucune face à des joueurs rarement choqués, contrairement à l’opinion publique qui l'est plus souvent, ce qui peut écorner l'image d'un studio et du jeu vidéo.
Mais il ya-t-il une limite à ne pas franchir pour le jeu vidéo ? Comment savoir où elle se trouve ? Il n'existe pas de règle qui dit ce qu'un jeu peut se permette ou non, et c'est tant mieux. En réalité, les polémiques qui, heureusement, sont de moins en moins nombreuses, ne sont pas une si mauvaise chose lorsqu'elles amènent des débats constructifs.
Ces différents débats entre développeurs, joueurs de tout bord, médias et grand public permettent petit à petit de placer ces limites amovibles sur ce qui peut être acceptable et accepté dans une œuvre vidéoludique.
Une liberté qui ne fait que s'accroître
Le jeu vidéo est un médium jeune et ancré depuis peu dans la culture populaire. Il est donc normal qu’il soit souvent sujet à la controverse. Mais plus les années passent, plus il arrive à s’affirmer et à trouver sa place.
Le jeu vidéo ne peut pas absolument tout se permettre, et nous éviterons de reparler des exemples cités plus haut ou de choses ignobles que personne ne voudrait voir dans un jeu. Cependant, certains cas montrent que les limites sont floues. En témoigne la fameuse mission " Pas de Russe " de Call of Duty : Modern Warfare 2, sur laquelle les avis divergent.
Mais cela met aussi une chose en exergue : la marge de manoeuvre du médium est immense, malgré ce type de polémiques. La mission a fait du bruit mais elle existe bel et bien, les développeurs ont " osé " aller au bout de leur idée et ont gardé le cap. Il suffit aussi de regarder non seulement le nombre de titres qui sortent chaque semaine - et même chaque jour - mais aussi à quel point l'offre est hétérogène. Le calendrier des sorties de fin d'année le prouve également. Pour le plus grand bonheur des joueurs que nous sommes.